CORONAVIRUS

12 oct. 2008

La crise sociale

LA CRISE SOCIALE N’EST PAS LOIN Le refus du gouvernement d’engager un plan de relance de l’activité et de la consommation risque d’exaspérer un peu plus les salariés dont les perspectives en matière d’emploi et de pouvoir d’achat s’assombrissent jour après jour. «Regardez le budget 2009 de la France: c'est le même budget qu'avant la dernière période de crise. Quand ça marche bien, on nous dit "on ne peut pas répondre à vos revendications, il n'y a pas de sous dans les caisses", (mais) quand le système est attaqué dans son cœur, qui est la finance, eh bien là, tout le monde, les gouvernements et les institutions financières, n'hésite pas à trouver des milliards pour sauver les banques. Même si sauver les banques, ça a une incidence sur l'économie, il y a quand même un problème… Il faut aussi soutenir l'activité et la consommation», a lancé lundi sur RMC Info le leader de, FO Jean-Claude Mailly. Il y a de quoi en effet s’interroger sur la célérité de l’exécutif dirigé par Nicolas Sarkozy qui se «dépense» sans compter en ce moment pour «rassurer» les marchés financiers, alors que rien n’est prévu pour limiter les effets de la récession, qui s’installe, sur le pouvoir d’achat et le chômage (voir nos articles du 26 et 30 septembre). L’emploi et le pouvoir d’achat figurent désormais en tête des préoccupations des salariés mais elles laissent de marbre le gouvernement. «Il n’est pas question» de mettre en place un plan de relance «parce que nos finances publiques ne le permettent pas», a expliqué sans ambages Luc Chatel, secrétaire d'Etat à la Consommation et porte-parole du gouvernement. Selon lui, l’argent public engagé la semaine dernière pour «faire en sorte que l'économie du réel ne soit pas contaminée après la bulle et l'économie du virtuel» n’est qu’un redéploiement de «moyens existants». Contribuables et épargnants apprécieront… Pourtant, «l’économie réelle», elle est déjà bien atteinte. D’ailleurs, cela ne date pas d’hier puisque son ralentissement a commencé au début de l’année. Au delà des chiffres officiel du chômage, il suffit de voir la liste des plans sociaux annoncés depuis janvier: Peugeot SA (1.090 postes supprimés), Caisse d'Epargne (4.500), AGF (200), banque Natixis (850), Imperial Tobacco (1.060 emplois supprimés en France sur 4.700), SFR-Cegetel: (776), Renault (6.000), Crédit Agricole (500), Kaufman et Broad (166), Sanofi-Aventis (927 emplois). Avec l’entrée en récession et cette crise financière, cette liste (non exhaustive) risque de s’allonger encore, notamment dans les secteurs des banques, des assurances et de l’immobilier, où les restructurations, selon les experts, seront inévitables dans les prochaines semaines. Etant donné que l’économie française repose essentiellement sur la demande intérieure, le seul moyen d’éviter une hémorragie reste la mise en œuvre de mesures de relance et de soutien actif à la consommation ainsi qu’à l’emploi, via notamment une hausse du pouvoir d’achat des ménages, martèle FO: «cela peut passer par des aides à la négociation salariale, des conditions plus strictes aux entreprises quand elles bénéficient d'aides, la mise en place de la prime transports...». Sinon, toute inertie des pouvoirs publics en la matière entraînera une autre crise. Sociale, celle-là. Car, comme le souligne la dernière note de «conjoncture sociale» de l'association Entreprises et personnel, (plus de 150 responsables de ressources humaines et experts), «toutes les composantes d'une crise sociale risquent d'être présentes» dans les prochains mois, avec cette «crise qui ébranle l'économie et sidère l'opinion publique». Baptisée «la déchirure», le document cite entre autres la hausse «sensible du chômage et des difficultés des ménages modestes», la «montée de la conflictualité dans nombre d'entreprises contraintes à la rigueur salariale, voire aux réductions d'effectif» et la «contestation rampante» dans le secteur public. Et de prévenir: «un durcissement des politiques d'indemnisation du chômage, de l'assurance maladie, des retraites complémentaires» l’application de la loi sur les 35 heures ou la multiplication des plans sociaux «pourraient servir de détonateur».

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